Un défi d’ampleur
Comment recycler ou réemployer les 100 000 tonnes de jouets jetés chaque année en France ? Le défi est d’ampleur pour le secteur qui commence tout juste à collecter poupées, figurines et jeux cassés ou délaissés, majoritairement composés de plastique.
“On part de loin, mais c’est une vraie opportunité pour initier un cercle vertueux, accélérer certaines pratiques existantes et arriver à mieux maîtriser la vie des jouets”, juge Philippe Gueydon, président de la Fédération des Commerces spécialistes des jouets et des produits de l’enfant.
Un recyclage qui incombe au producteur
Tout comme les articles de sport et le bricolage, les jouets sont devenus en janvier dernier une filière à “Responsabilité élargie du producteur” (REP). Sur ce principe du “pollueur-payeur”, fabricants, importateurs et distributeurs commenceront en janvier 2023 à payer une écoparticipation pour chaque jouet introduit en France : 23 millions d’euros devraient ainsi être récoltés l’an prochain.
“Grosso modo, on a 100 000 tonnes de déchets au rebut” chaque année. “La moitié se retrouve dans les ordures ménagères, environ 45 % est collecté en déchetteries publiques et moins de 5% est réemployé”, résume à l’AFP Dominique Mignon, présidente d’EcoMaison (ex-Eco-Mobilier), organisme qui a été agréé par l’Etat pour prendre en charge la collecte, le réemploi et le recyclage des jeux et jouets.
“Particularité” par rapport à d’autres produits, “entre 72 % et 75 % des jouets sont composés de plastique, avec plusieurs types de résine ; 20 % de papier-carton et 10 % de bois. Mais tous ces matériaux se recyclent parfaitement dès lors qu’on les trie”, met en avant Mme Mignon.
La mise en place de points de collecte
En 2023, la priorité sera donnée à la mise en place de 6 000 points de collecte sur le territoire – déchetteries, associations, écoles, magasins de jouets – et à une campagne de communication pour “dire aux Français d’arrêter de jeter leurs jouets à la poubelle et (plutôt) de les amener dans un point de collecte pour être réemployés s’ils ne sont pas abîmés outre mesure – et sinon de les porter en déchetterie”.
Un des objectifs majeurs de la filière est d’optimiser le réemploi (via le don ou la revente) des jouets, en le triplant d’ici 2027 grâce à l’implication d’associations partenaires.
Davantage de plastique recyclé
S’ils ne sont pas récupérables, les jouets en plastique seront séparés par type de résine utilisée puis “micronisés” afin de pouvoir être réinjectés dans de nouveaux produits : “les fabricants de jouets sont très intéressés par le fait d’étudier dès 2023 ce plastique recyclé, dans les jeux de plein air notamment”, souligne Dominique Mignon.
Les matières plastiques recyclées sont encore peu présentes dans les jouets, en raison de leur aspect terne et donc peu ludique, mais aussi pour leur solidité souvent moindre alors que les normes de sécurité sont particulièrement exigeantes concernant les produits destinés aux enfants.
La Fédération française des industries Jouet-Puériculture, qui représente les fabricants, estime cependant que leur utilisation est “amenée à se développer”.
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